La rêverie est création, notre cantate d’intermittence.
Nous en faisons dissémination de nos nuages et concrétion de nos rochers. Ainsi nous mène-t-elle à l’indéterminé d’où naissent des formes qui retournent au rien, puis, transformées, ressurgissent. Elle met en cohérence nos irisations internes.
Elle jette sur les vies confettis et orages, lumières et nocturnes.
Elle s’enrichit de notre réalité.
Rêverie sont nos projets.
Certains s’évanouiront dans l’utopie.
D’autres, prenant corps, témoigneront : la rêverie n’est pas une fuite mais nous anime de ses souffles.
Elle peut être une anticipation ou une musique, une couleur ou une caresse ; sans elle, nous ne pourrions penser le monde.
Elle se coule dans nos théories, même les plus rationnelles –imaginairement !- car le réalisme aussi s’en va et s’en vient comme un songe. Il est rêverie qui s’ignore.
Compagnons,
Les rêves de fortune
Aux radeaux de la lune,
Où pêcher à la nasse
Eclats de joie.
Jeux des couleurs
Sèment des archipels
De fanaux dans la nuit.
Ils sont cailloux multiples
Traçant ton échappée
En pointillés.
Demain tu reviendras,
Pas de velours,
Et feras écheveau
Aux fils entremêlés
Des rêves de couleur
En liberté filés.
N. Combet
« La poésie domine l’absurde. Elle est l’absurde suprême : la cruche élevée à hauteur de la bouche amoureuse emplissant celle-ci de désir et de soif, de distance et d’abandon. Elle est l’inconstance dans la fidélité. Elle envoisine l’isolé »
René Char.