Le
verbe « revivre » s’oppose en quelque sorte à lui-même : revivre
une situation douloureuse, la remettre en scène, se replier sur elle, ne pas en
trouver l’issue ; ou alors, revivre tout simplement, reprendre souffle dans
une sortie de la souffrance sans pour autant la dénier. Le sous-titre,
« Eprouver nos blessures et nos ressources » résume cette
contradiction, cette tension au cœur de notre vivre.
Frédéric
Worms fait jouer cette tension dans diverses situations singulières ou
collectives et en observe les multiples fluctuations car « revivre »
s’expérimente aussi bien dans la profondeur de nos intimités que dans des formes universelles, souffrance
et renouveau mêlés, (re)créations dans un « vivre » au-delà du
« survivre ».
L’auteur,
interviewé sur France Culture, indique que cet ouvrage prend sa source dans sa
propre vie, un « je » singulier dont, dans l’écriture, il se « délivre »
en l’élargissant au-delà de sa personne. « Je suis ce que je revis et je
reste enfermé ou alors je revis et je me libère » dans mon propre
vécu qui est élément particulier de l’expérience humaine universelle. On pense
à Montaigne : « Chaque homme porte la forme entière de l’humaine
condition ».
Le
va et vient de la forme témoigne de ces oscillations : du « je »
au monde ; de la douleur au renaître : de nombreux chapitres brefs
sont à lire comme des billets ou de
courts essais, ce qui permet de découvrir l’ouvrage de façon aléatoire, le
parcourant « au gré » car chaque fragment constitue une unité. Selon l’auteur, le thème
a donné sa forme à l’écriture : un « entrelacement » à l’image
du tissage des blessures et des ressources dans le tapis de nos vies.
Avec Kierkegaard
Le
vivre/revivre se manifeste d’abord dans notre intimité avec un autre et la
première situation qui vient à l’esprit est celle de l’amour. Worms associe
l’amour à cette impression de « revivre » que donne le fait de ressentir
et dire « je t’aime ». Dans « L’amour, la reprise » il
indique qu’un second « revivre » sera nécessaire, car le « je
t’aime, je revis » sera mis à
l’épreuve d’un double piège dans la durée. Le premier serait l’enracinement de
cet amour dans la séduction, première errance proche du donjuanisme, quand le sentiment
ne dure qu’un instant, sorte de « désir
pur, jamais inscrit dans le vie de quelqu’un ». L’autre disparaît dans
l’anonymat.
Le
second piège consiste à aimer l’amour dans une abstraction platonicienne.
Une
approche de ce double risque, force aveugle ou modèle abstrait, Frédéric Worms
la trouve dans l’ouvrage de Kierkegaard « La reprise »
L’amour s’y éprouve par la rupture et la
perte. Les deux protagonistes de l’œuvre sont le narrateur et le jeune homme. Le
jeune homme, sur les conseils du narrateur, donne à croire à son aimée, qu’il
s’est détourné d’elle : ainsi pourrait-elle, selon le narrateur qui veut
le persuader, dépasser le statut d’objet devenu passif dans le lien. Alors seulement,
une reprise serait possible. Un autre « revivre » ayant métamorphosé
le plaisir passager et l’idée abstraite, le sentiment évoluerait d’un plan
esthétique à un plan éthique. Dans des lettres adressées par le jeune homme au
narrateur au terme de l’expérience, c’est l’exaltation qui l’emporte désormais
avec des connotations mystiques, car le jeune homme, que la jeune femme a
quitté, s’attache plus, narcissiquement, à la transformation profonde que la
perte a ouverte en lui qu’au départ de l’aimée. Au reçu de ces lettres, le
narrateur doute : cette extase n’est-elle pas un nouveau piège ?
Kierkegaard,
dit Worms, nous laisse donc dans une alternative « entre la joie et la
mélancolie » car la reprise et la perte sont à considérer comme aussi
importantes et indéniables l’une que
l’autre alors que l’extase qui s’est emparée du jeune homme pourrait bien être,
selon ce que suggère Kierkegaard, une euphorie aveugle niant la perte.
La
perte, dans l’amour, l’auteur la décrit aussi dans le chapitre « Le
premier coup ». Il énonce que« nous recevons comme un coup en plein
cœur la coupure même de la relation avec l’autre qui nous constituait ». Et
cette douleur, il l’évoque encore en rappelant
le vase décrit par Sully Prudhomme : « N’y touchez pas ; il est brisé ». Il
précise : « certaines coupures de ces relations, même sans être
passées par un choc ou une violence physique, seront des coups, non moins irréversibles
et parfois mortels. Et nous ne nous trompons pas sur ces coupures : quand
nous nous sentons brisés physiquement et psychiquement ; c’est qu’il ne
s’agissait pas seulement d’un épisode d’une histoire mais d’un attachement
vital irréversible, une partie de nous-mêmes nous est arrachée en quelque sorte ».
Avec Jankélévitch
Nous
ne revivons pas seulement ce que nous avons subi, nous dit Worms, mais aussi ce
que nous avons fait et c’est la honte qui alors nous étouffe, pouvant, comme la
blessure d’amour entraîner la mort dans un sentiment littéralement invivable d’écrasement.
Qui, par exemple, n’a jamais connu la douloureuse expérience de s’être
laissé aller à une parole qui lui a échappé? La langue dit l’essentiel : nous nous sommes trahis en donnant à
entendre ce que nous voulions garder en nous, et nous contribuons à ce que quelque chose nous
soit arraché comme dans la blessure amoureuse. Il peut y avoir une disproportion
entre ce qui a été dit et le désespoir consécutif. C’est qu’une partie la
plus intime de notre imaginaire s’ est exposée dans une sorte de renversement
du dedans vers le dehors, comme si notre corps avait été retourné comme un gant
et nous en restons humiliés, jusqu’à souhaiter mourir, englués que nous sommes
dans un sentiment d’indignité. Nous avons été atteints dans notre être.
Mais
revenons plus précisément à Worms et
orientons-nous « sans vergogne » vers le sens heureux du
« revivre », à venir quand nous ne ruminerons plus ce qui
appartient aux émotions négatives, « passions
tristes » comme dit Spinoza , alors, nous rencontrerons à nouveau
cet « infatigable printemps » décrit par Jankélévitch que cite
Worms : « Chaque année, sans se lasser, le merveilleux printemps
raconte à nouveau l’histoire de cette résurrection […] Comment tant de
déceptions, tant d’échecs, tant d’hivers n’ont-ils pas dégoûté Avril de
rhabiller les arbres que la saison de la méfiance et de l’étroitesse a
déshabillés ? […] Le mystère vernal est la figure cosmique, annuelle
saisonnière de notre propre destin ».
Avec Rousseau
Ce
« revivre » heureux, on peut
en rencontrer une forme dans les « Rêveries » de Rousseau que Worms évoque dans « La
promenade, les méchants » L’on y voit bien Rousseau, vaciller dans ses
fluctuations intimes, une alternance à l’image des saisons, tantôt ressasser son
ressentiment à l’égard de la société, tantôt trouver le bonheur dans ses
rêveries protégées par la nature, rêveries qui sont un mode de sa pensée, de
son écriture et de ses conceptions philosophiques l’opposant dans son
« souci de soi », dans son « esprit de solitude » ( je cite
ici Arthur Goldsmith) aux philosophes de système qu’il décrit comme des
idéologues.
L’on
sait combien Rousseau a été taraudé par la honte à la suite du vol d’un ruban
qu’il souhaitait offrir à La servante Marion en échange d’une de ces fessées
dont son érotisme était friand ; ce vol sur lequel il est questionné
publiquement, puisqu’il est en sa possession, il en a accusé Marion. Ce qu’il a nommé son
«crime », n’a cessé de marquer sa vie intime et sociale, ses options
philosophiques et politiques, comme son écriture.
Que
Rousseau ait été « questionné publiquement » nous fait aborder aux rives sociales du « revivre ». Mais toutes
les blessures singulières sont déjà en résonance avec des souffrances
collectives.
Avec Winnicott
On peut se demander comment les victimes de
violences, viols, tortures, génocides, peuvent sortir d’un ressassement, un ressentiment qui
est l’indice d’une violation, de la part d’un autre ou de la société, quand
elle détruit la vie au lieu de la protéger.
Worms
aborde alors le thème du « faire revivre » et de la
« résilience », questions qui renvoient au « care », déjà
évoqué par lui dans son ouvrage « Le moment du soin. A quoi
tenons-nous ? » Il ne dénie pas pour autant qu’il puisse y avoir de
l’irrémédiable car il restera un « avant » le coup porté, quand
la confiance en soi et en l’autre était vivace et un « après », quand
la confiance sera détruite et que l’instant ne pourra
s’oublier : « Le cri [que le coup porté] arrache n’est pas
seulement de douleur et de revendication, mais d’étonnement, un étonnement qui
révèle une attente, l’attente naïve du bien qui est au cœur de notre âme, qui
la définit même, selon Simone Weil, et qui est brutalement trahie ; c’est
donc aussi, en un sens, un cri de deuil. »
Ce
dommage définitif n’est pas seulement
lié à l’irruption d’une force anonyme ; il vient d’un autre. C’est
pourquoi, un autre, différent, pourra,
peut-être, favoriser un renouveau. Worms se réfère à Winnicott et à son ouvrage
si riche d’expérience et d’humanité : « La crainte de l’effondrement ». Winnicott, y énonce en particulier, que
lorsque l’angoisse panique d’une catastrophe nous submerge, ce que nous redoutons nous est déjà arrivé.
Affirmation précieuse : nous avons déjà vécu cette catastrophe et notre
malheur est que nous ne cessons de l’appréhender. En fait, croyant redouter
l’avenir, nous restons figés dans l’effroi du passé, effroi d’un événement qui
a fait régresser jusqu’à la seule folie qui soit : la folie originaire,
celle dont nous ne pouvions avoir conscience. Cette « folie » ne peut
être remémorée que si on la revit. Or elle provient toujours d’une dimension
relationnelle. Il faudra donc qu’une relation concrète vienne rejouer ce lien
originaire pour que le ravage puisse être dépassé et que l’on puisse revivre/
vivre. Ce que l’on cherche là à revivre « pour de vrai » « en
remettant en jeu sa subjectivité dans une expérience relationnelle
provisoire » comporte ses propres risques relationnels qu’on ne peut
sous-estimer et dont l’histoire de la psychanalyse témoigne. Ce sont ces risque
pourtant, s’ils se dépassent, qui nous donneront accès à notre vérité
individuelle et à nos ressources.
Avec Kertész
La société,
sous la forme de la justice peut aussi jouer un rôle dans la résilience en
officialisant une violation ; mais la marge est étroite entre le risque
d’enfermement dans la victimisation et la surdité au désespoir. Si l’on pense
au procès d’Eichmann, on voit à quel point on a bâillonné les cris de souffrance
des témoins dans un souci de rigueur objective. A l’inverse, on a assisté au
cours du dernier quinquennat à une insistance sur la victimisation dans un mouvement
de démagogie politique mettant ostentatoirement
en scène la compassion.
Pourtant
la reconnaissance officielle d’un acte de barbarie, viol, torture, peut rendre
une dignité à qui l’a subi. Mais l’agresseur n’est-il pas une autre sorte de
victime, comme le montre Jean Hatzfeld à propos du Rwanda lorsqu’il recueille
le témoignage des tueurs («Une saison de machettes»), après celui des rescapés
(« Dans le nu de la vie ») ? Et heureusement, les agresseurs
trouvent toujours des avocats.
Je
me suis éloignée là, encore, du texte de Worms qui s’attache surtout, en
particulier dans « Ce qui n’est pas fini », à la réalité de la
Shoah ; il en appelle à Imre Kertész qui n’a cessé de « revivre »
cette expérience dans son œuvre jusqu’à faire de la catastrophe une sorte de fondement
culturel dans son ouvrage « L’Holocauste
comme culture » : « L’universalité de cette expérience apparaît
de plus en plus clairement […] Si [la société européenne] décide que la danse
macabre de l’Holocauste est une partie inaliénable de [sa] conscience, alors cette
décision sera fondée non sur la compassion ou le regret mais sur un jugement de
valeur. L’Holocauste est une valeur parce qu’à travers des souffrances
incommensurables, il nous a menés à une connaissance incommensurable ; et
ainsi il recèle un contenu moral incommensurable ».
Ayant
lu, relu ce point de vue et l’ayant depuis longtemps médité, je reste reconnaissante à Imre Kertész d’avoir proposé ainsi l’universalité, donc le
partage de sa propre expérience, faisant pièce à ceux qui se servent de leur épreuve ou
de leur proximité avec la tradition et la Shoah, pour afficher un
plus-de-savoir, excluant les innocents ( dans le sens de ceux qui ne savent
pas), sépharades, marranes et autres goys qui ne pourraient rien dire de ce
qu’il n’ont pas assez précisément vécu ou approché. Que l’on pense (c’est un
exemple parmi d’autres), au tapage médiatique provoqué par Claude Lanzmann
quand Yannick Haenel a publié « Jan Karski » C’est que les tenants de cette
« intelligentsia » s’imaginent représenter une élite possédant de façon exclusive l’aptitude à
transmettre une réalité dont ils se croient propriétaires, alors que le savoir se
communique par dissémination, pollinisation, osmose. Par exemple, Lacan a si bien
absorbé le témoignage de son analysante Anne-Lise Stern (auteure de
« Le savoir déporté ») qu’il a formulé, en partie influencé par son
récit, son concept le plus important et le plus porteur : celui de
« Réel », dans le sens de l’impossible qui nous « tombe
dessus ». Et ce « Réel », nous en avons tous la pré-science,
celle qui me transforme, moi, vous, nous, les autres, en suricates chaque fois
que nous flairons le danger d’oppression, d’écrasement ou de mort ; et
dressés sur nos pattes arrière, nous mettons toute notre énergie et notre
vigilance à tourner notre tête à droite à gauche, à gauche, à droite pour
déterminer, dans une vision décuplée par l’angoisse, l’ éventuelle origine du
risque...interne et inactuelle certes, selon Winnicott, mais quand même...L’homme est un animal parmi
d’autres et l’enrobage de son verni civilisé se révèle des plus minces !
Imre
Kertész a choisi un « revivre » en écriture. Pour d’autres, le
revivre mortifère l’aura emporté tant fut vive la douleur : pour Robert Anthelme,
Paul Celan et bien d’autres, à commencer par ceux que l’on nomma
« musulmans » parce qu’ils choisirent de se laisser mourir dans le
camp même. Jorge Semprun les évoque dans « Le mort qu’il faut ».
Mais
je m’éloigne à nouveau. C’est une caractéristique de ce livre que d’offrir
aussi à son lecteur des chemins de traverse où déployer sa propre expérience,
sa réflexion, ses apartés.
Avec Proust
Avec
Imre Kertész, Worms évoque le « revivre » dans la création, en
particulier dans la pensée et
l’écriture. « Réminiscence ou création ? » est consacré à « La
Recherche » proustienne pour montrer le passage du souvenir parfois
douloureux à son dépassement dans l’écriture. C’est à l’expérience de la perte
que s’attache Worms ici encore. Proust
est hanté par le souvenir de sa grand-mère qu’il se reproche d’avoir négligée à
la fin de sa vie. Il décrit une révélation
douloureuse et contradictoire : au désespoir de la perte se mêle
une force, une joie au souvenir de celle qui l’a aimé et le sentiment d’une
continuation de la relation dans la mémoire. Cette souffrance, il en vient à la
désirer : « je voulais continuer à la subir suivant ses lois à
elle, à chaque fois que revenait cette contradiction étrange de la survivance
et du néant entrecroisés en moi ». Épuisé par les insomnies consécutives à
cette contradiction et à sa culpabilité de ne pas avoir été assez présent dans
les moments ultimes, il fait un rêve dans lequel son père lui dit que sa
grand-mère a demandé de ses nouvelles mais veut l’empêcher de la revoir. Il lui
répond alors dans une phrase insensée
mais, selon Worms, plus
« vraie que l’intelligence » : «Tu sais bien que je vivrai
toujours près d’elle, cerfs, cerfs, Francis Jammes, fourchette. ».
« Le délire, commente Worms, n’est plus seulement le signe de la perte et
de la souffrance. Car, au fond, de même que la recréation du passé n’en abolit
pas la perte, de même sa perte n’en annule pas la force, celle, en lui, qui nous
permet d’avancer ».
Avec Bachelard
Le
« revivre » dans la création est à son apogée dans l’acte
poétique : dans « La poétique du phœnix ». Worms se tourne pour
le dire vers Gaston Bachelard qui écrit : « Le vécu garde la marque de l’éphémère s’il
ne peut être revécu […] Nous aurons à prouver qu’une poétique de la
vie vit la vie en la revivant, en la majorant, […], en passant du fait à la
valeur, et, suprême action de la poésie, en passant de la valeur pour moi, à la
valeur pour des âmes congénères aptes à la valorisation par le poétique » ;
et plus loin : « La poésie est une métaphysique instantanée. En
un court poème, elle doit donner une vision de l’univers et le secret d’une
âme, un être et des objets tout à la fois […]. Elle est le principe d’une
simultanéité essentielle où l’être le plus dispersé, le plus désuni, conquiert
son unité […]. Essentiellement, l’instant poétique est une relation
harmonique entre deux contraires »
L’on
peut élargir ce point de vue aussi bien à l’art en général qu’à la création
quotidienne de sa vie par chacun de nous.
Le phénix n’est pas l’oiseau imaginaire qui se consume puis revit ;
il est l’être qui éprouve les deux expériences en même temps. C’est le don que
nous fait Worms : nous faire constater l’existence d’une simultanéité
« bipolaire »aussi bien personnelle que collective.
Je
n’ai arpenté que quelques voies de ce parcours buissonneux et foisonnant qui
permet de suivre un sentier ou un autre au hasard, de faire des détours aussi,
un parcours qui, donc, laisse le lecteur libre tout en explorant dans ses
multiples inscriptions cette vérité première : nous sommes non seulement
tour à tour, mais en même temps, glacés et réchauffés, en mélancolie et en
joie. Cette sorte de « bipolarité »
pourrait être la marque de notre époque comme celle que chacun porte au vif de
sa chair.
Cette
évidence, l’existence concomitante en nous de nos hivers et nos printemps, de nos morts et renaissances, Worms l’associe
à nos liens, intimes et sociaux, et à la création, en particulier poétique. « Eternelle
reprise » plutôt qu’ « éternel retour » disait Bachelard et
l’idée de « reprise » autant que de « répétition » était
déjà implicite dans l’élaboration nietzschéenne.
Avec Aragon
Ecoutons
donc, pour finir, ce poème d’Aragon,
cité par Worms. C’est en quelques vers que Le poète dit cette réalité s’étonnant
du « revivre » dans l’instant même de la perspective mortelle:
Il
n’aurait fallu
Qu’un
moment de plus
Pour
que la mort vienne.
Mais
une mai nue
Alors
est venue
Qui
a pris la mienne
Qui
donc a rendu
Leurs
couleurs perdues
Aux jours
aux semaines
Sa
réalité
A
l’immense été
Des
choses humaines ? […] (« Le Roman inachevé »)
Questionnement
lyrique et émerveillement de ce renouveau qui n’oublie pas et contient l’image
planante de la mort.
N.C