Qui donc va là en pleurs sur mes
chemins de ronde ?
Un papillon jaune se déchire dans
l’orage expiatoire de ce boogie woogie apocalyptique : On achève bien les chevaux...Le poilu allongé dans la tranchée.... Ses yeux,
déjà, se confondent avec le ciel et ses pieds déchaussés appellent des
larmes...Le clodo lui ressemble couché sur des cartons, au coin de la rue, lui
dont la faim fait ripaille...une femme violée de voile, s’essouffle, morte vive, sous le soleil qui
ne peut caresser sa peau...L’adolescent désœuvré tend ses deux mains vers les vivres de la vie
libre...
Qui donc va là, rieur, sur mes chemins
de ronde ?
La splendeur d’un arc en ciel, a enjambé
les blés, un matin...Le bambin berce doucement son doudou...Ce vieux homme
pensif a un œil sur la puissance de vie, l’autre sur la mort vanité...La jeune
fille amoureuse, soupire de toute éternité, tombée d’un roman égaré...L’ivresse
d’un chanteur s’accorde à sa guitare...Les sources du silence descendent des
étoiles, dans le parfum des roses au chant d’un rossignol quand on se retourne
vers le temps généreux ; et deux amants s’inventent.
Perchée sur mon réverbère, je regarde,
la vie avec sa collection de lunettes multicolores et réversibles dont, tour à
tour, elle chausse son nez. Selon les verres
et les montures, je suis modifiée et agie. Redescendue, me voilà mêlée, tissée de ces images qui me gouvernent, m’orientant vers mes caps, mes
hontes, mes guerres, mes défaites, mes oasis.
noco