Régulièrement, l’on voit
apparaître, comme pousses nouvelles, des approches de l’ « Ethique »
de Spinoza » : tout à coup, un appel à sa pensée, une sorte de cri,
vient trouer le tissu social. Dans le passé, j’ai pu apprécier les lectures
qu’en ont faites Deleuze ou Misrahi.
Celles d’aujourd’hui me déçoivent un peu. Frédéric Lordon le rabat sur la
sociologie, semblant ignorer ce thème de la Joie qui traverse l’ « Ethique » et la conclut ;
Frédéric Lenoir le tire du côté du religieux faisant fi de ces mots qu’avec
prudence, le philosophe substitue à celui de Dieu : la Substance, la
Nature, contournements qui témoignent de son athéisme. Seul, un ouvrage de 2010
« Exister. Méthodes de Spinoza » de Maxime Rovère me semble plus
proche de sa pensée mais la traduit d’une façon abstraite qui, à mes yeux, la
désincarne.
Pour ma part, il m’est souvent
nécessaire de revenir à cette « Ethique » qui, il y a une
dizaine d’années, m’a donné des vivres à profusion au sortir de la double
lecture d’une autre « Ethique », celle du livre VII de Lacan :
l’ « Ethique de la psychanalyse » à l’égard de laquelle je me
sentais très réservée. Aujourd’hui encore, l’ouvrage de Spinoza m’est un
viatique, une aide à vivre notre époque de turbulences et violences sans y perdre la joie.
Ici, ayant résolu de m’en tenir à
l’extrait d’un seul scolie, je n’ai pas vu tout d’abord que c’est dans une
aventure que je me lançais et que je serais entraînée loin de mon projet
initial ; ce scolie est constitué de deux
petites lignes et j’ai donc pensé
que l’exploration, pas à pas en serait aisée. J’ai vite été détrompée
quand j’ai vu toutes les voies que j’allais devoir reparcourir et même
découvrir.
C’est dans la troisième partie de
l’ « Ethique » consacrée aux affects, que se trouve le scolie
consécutif à la proposition 13 dont j’ai tenté de traverser le gué, lentement,
à pas comptés, le plus précautionneusement possible mais sans pouvoir éviter
quelques tourbillons adverses ou des courants m’entraînant au- delà.
L’Amour, dis-je, n’est autre chose qu’une Joie
qu’accompagne l’idée d’une cause extérieure ; et la Haine n’est autre chose qu’une Tristesse qu’accompagne l’idée d’une cause extérieure.
Une
simplification trompeuse :
A lire « n’est autre chose
que »… « une
joie »… « une Tristesse »…l’on peut penser tout
d’abord qu’une définition simple de l’Amour et de la Haine pourra faciliter
l’approche. Il faut très vite déchanter car « une » reste indéfini et
les deux substantifs, qualifiés par leur prédicat « qu’accompagne l’idée
d’une cause extérieure » font surgir aussitôt des questions :
qu’est-ce que l’idée ? Où s’inscrit-elle ? Et l’extérieur, que
représente-t-il ? Mais avant d’en venir là, rappelons nous que l’Amour, la
Haine font, pour Spinoza partie des nombreux affects (émotions) qui s’inscrivent
à même le corps.
Quel
corps ?
Dans la deuxième partie, Spinoza
écrit que « l’homme pense »
(axiome 2) et que « nous sentons
qu’un certain corps est affecté selon bien des modes » (axiome 4). C’est déjà associer le corps à la pensée que
nous en avons et Spinoza répète en de nombreuses occurrences que l’esprit (parfois traduit par
« âme » mais Spinoza écrit « mens ») est l’enveloppe du corps. Ainsi, dans
l’axiome 4 : « […] « Les idées
des affections nous les avons. Donc l’objet de l’idée constituant l’Esprit
humain est le corps » « un
certain corps » ; c’est
dire une part d’incertitude quant
au corps et Spinoza écrit plusieurs fois que nous ne pouvons avoir du corps une
idée « adéquate » car ce corps est très « composé ». Constitué d’une multitude d’éléments disparates,
il ne saurait avoir une unité. C’est l’idée que nous en avons qui,
l’enveloppant, l’unifie.
Le
corps « affecté »

Les
affects
Ici, Spinoza s’intéresse à
l’amour et à la haine. Ce que le corps et l’esprit qui l’enveloppe en
ressentent, les traduisant en images est l’indice de la présence d’un corps
extérieur, aussi confusément perçu que le corps propre. Alors bien sûr le
rapport entre ces corps, disons pour simplifier, intérieur et extérieur reste
aussi des plus confus. « Pour simplifier », car ce corps supposé
extérieur n’existe pas en dehors de sa représentation dans le corps/esprit
(perception-image/idée). Ainsi nous est donnée la réalité de l’immanence :
tout se joue dans ce corps/esprit, dans les pensées/images que l’esprit crée à
partir des sensations du corps. L’amour comme la haine sont identifiés aux
affects qui s’en sont inscrits dans le corps, joie ou tristesse, accompagnées
de l’idée/image d’une cause extérieure attribuée à un autre corps, donc
imaginée comme extérieure
Cause extérieure ?
Peut-être pas si extérieure dans la
mesure où c’est nous qui en créons l’« idée », l’image. Ainsi « n’importe quelle chose peut être par
accident, cause de Joie, de Tristesse ou de Désir ». « Accidet »
en latin : ce qui arrive. Spinoza introduit donc ici l’idée d’une
rencontre. Mais l’on peut penser que cette rencontre était « programmée »
quand on lit : « Il est donc
établi que nous ne nous efforçons à rien, ne voulons, n’appétons ni ne désirons
aucune chose parce que nous la jugeons bonne ; mais qu’au contraire nous
jugeons qu’une chose est bonne parce que nous nous efforçons vers elle, la
voulons, appétons et désirons » (Et. III, 9, scolie). Donc le désir
est premier et se dirige vers une cause extérieure dont, en fait, il est
lui-même la cause.
Chaque fois que je lis ce scolie,
je pense à la rencontre de Colin et Chloé dans « L’Ecume des jours »
de Boris Vian. Avant la fête chez Isis, Colin a conjugué le verbe « je
voudrais être amoureux » à toutes les personnes, et, juste après, pendant
la fête, il rencontre Chloé.
Elle devient l’idée de la cause
extérieure qui accompagne l’amour/joie mais celui-ci se trouvait déjà inscrit
dans le corps de Colin, disposé à la
rencontre.
La « disposition » du corps apparaît dans
l’ « Ethique » : […] « Les idées que nous avons des corps extérieurs indique plus la
disposition de notre corps que la nature des corps extérieurs » (Et.
II, 16, corolaire 2)
Les affects et l’effort pour persévérer dans son être
Spinoza nomme « conatus »
l’effort pour persévérer dans son être : « Chaque chose, autant qu’il est en elle, s’efforce de persévérer dans
son être » (Et. III, 6) et « L’effort
par lequel chaque chose s’efforce de persévérer dans son être, n’enveloppe
aucun temps fini mais un temps indéfini » (Et.III, 7). Cet effort est une puissance d’agir favorisée par la joie
et freinée par la tristesse : « Tout ce qui augmente ou diminue, aide ou contrarie la puissance d’agir
de notre Corps, l’idée de cette même chose augmente ou diminue, aide ou
contrarie, la puissance de penser de notre Esprit. » (Et.III, 11) Et
dans le scolie de cette proposition, l’auteur précise que par la joie, l’esprit
passe à une perfection plus grande et, par la tristesse, à une perfection
moindre. Cela peut se comprendre par le fait que dans l’amour/ joie, une double
affirmation se produit entre la puissance d’agir et l’idée de la cause qui lui
répond. Dans la haine/tristesse au contraire, un homme se sent divisé entre une
puissance d’agir affirmée et une idée négative de la cause. C’est pourquoi il
est nécessaire d’orienter différemment la tristesse en s’appuyant sur la puissance
d’agir qui la caractérise mais en tentant d’inverser
la disposition du corps habité par la haine, celle-ci pouvant se renverser
en amour : « La Haine qui
est entièrement vaincue par l’Amour se change en Amour, et l’Amour est pour
cette raison plus grand que si la Haine ne l’eût pas précédé » (Eth.
III 44)
Las !
Tout naturellement, ayant déjà
auparavant lu ces extraits de l’ « Ethique », j’avais extrapolé
la pensée de Spinoza vers un amour/joie incluant la sexualité et l’érotisme
comme je viens de le refaire ici, plus haut, en évoquant Boris Vian. Lisant
trop vite ce qu’il dit de la lubricité, j’avais cru que, selon lui, elle était
à la sexualité et à l’érotisme ce que la haine est à l’amour, donc prédation
plutôt qu’accord dans les rencontres. Il m’a fallu dans ma troisième lecture,
tomber de haut. C’est toute la sexualité qu’il définit comme lubricité :
« Que ce Désir de copuler soit
modéré ou non, on l’appelle ordinairement Lubricité » (Eth.III 56).
Et : «Parmi ces espèces d’affections
qui sont très nombreuses, les notoires sont la Gourmandise, l’Ivrognerie, la
Lubricité, l’Avarice et l’Ambition, lesquelles ne sont que des désignations de
l’Amour ou du Désir expliquant la nature de l’une et l’autre affections par les
objets où elles se rapportent » (Eth.III 56). Voilà donc la libido,
dite lubricité en bien mauvais voisinage. Et de l’érotisme, aucune mention. Il
est vrai que ce dernier peut se déduire des idées/images cause de joie. Ici,
dans ce scolie, pas d’idée d’une cause extérieure. La nature des affections en
question, dit Spinoza s’explique « par les objets où elles se rapportent » (Id ; ibid.), donc un désir immédiat de
consommer.
J’ai vite fait le rapport entre ce
point de vue et la misogynie de Spinoza, me suis alors trouvée prise dans une
indignation, une récrimination, une quasi scène de
ménage : « Oh ! Baruch Spinoza, là, tu m’insultes et m’humilies
car ta libido/lubricité s’articule à une image dégradée et dégradante des
femmes, que j’ai trouvée explicite ici quand tu évoques ladite lubricité sous
la forme d’une prostitution et, plus nettement, ailleurs, en fouillant dans tes
papiers : « Peut-être demandera-t-on
si les femmes sont par nature ou par institution sous l'autorité des
hommes ? Si c'est par institution, nulle raison ne nous obligeait à
exclure les femmes du gouvernement. Si toutefois nous faisons appel à
l'expérience, nous verrons que cela vient de leur faiblesse. Nulle part sur la
terre hommes et femmes n'ont régné de concert, mais partout où il se trouve des
hommes et des femmes, nous voyons que les hommes règnent et que les femmes sont
régies, et que, de cette façon, les deux sexes vivent en bonne harmonie ;
les Amazones au contraire qui, suivant une tradition, ont régné jadis, ne
souffraient pas que des hommes demeurassent sur leur territoire, ne
nourrissaient que les individus du sexe féminin et tuaient les mâles qu'elles
avaient engendrés. Si les femmes étaient par nature les égales des hommes, si
elles avaient au même degré la force d'âme, et les qualités d'esprit qui sont,
dans l'espèce humaine, les éléments de la puissance et conséquemment du droit,
certes, parmi tant de nations différentes, il ne pourrait ne pas s'en trouver
où les deux sexes règnent également, et d'autres où les hommes seraient régis
par les femmes et recevraient une éducation propre à restreindre leurs qualités
d'esprit. Mais cela ne s'est vu nulle part et l'on peut affirmer en conséquence
que la femme n'est pas par nature l'égale de l'homme, et aussi qu'il est
impossible que les deux sexes règnent également, encore bien moins que les
hommes soient régis par les femmes. Que
si en outre on considère les affections humaines, si l'on reconnaît que la
plupart du temps l'amour des hommes pour les femmes n'a pas d'autre origine que
l'appétit sensuel, qu'ils n'apprécient en elles les qualités d'esprit et la
sagesse qu'autant qu'elles ont de la beauté, qu'ils ne souffrent pas que
les femmes aimées aient des préférences pour d'autres qu'eux, et autres faits
du même genre, on verra sans peine qu'on ne pourrait instituer le règne égal
des hommes et des femmes sans grand dommage pour la paix. Mais assez sur ce
point ». (Traité de l'Autorité Politique, XI, §4) D’un geste
expéditif, dans la phrase finale, tu te débarrasses du « problème ».
Comment sortir de la tristesse qui,
alors, m’a envahie sinon en appliquant Spinoza à Spinoza : s’appuyer sur
l’effort pour persévérer dans mon être qui était à l’origine de cette rage,
cette colère en la renversant en amour
et générosité car malgré tout.
Malgré tout
Il me faut tout d’abord penser au
contexte : cette misogynie est « d’époque » même si au XVIIème
siècle déjà, il y eut tout de même Molière.
Et, malgré tout je garde à l’esprit
tout ce que mon évolution personnelle
doit à Spinoza. Je trouve d’ailleurs piquant au terme de ces considérations,
qu’il me donne accès à une sensualité érotique qui est loin d’exclure la
sexualité comme idée/cause de joie ainsi que je le ressens dans et par la
lecture que je fais de l’ « Ethique » chaque fois qu’il est
question de joie d’amour, ce qui fait naître en moi des images de liens à des
formes extérieures de toutes sortes, aussi bien sexuelles que sociales,
naturelles ou cosmiques. L’« Ethique » de Spinoza reste donc pour moi
une idée/cause de joie, une joie qui ne
se limite pas à ma sensualité et à mon être mais se déploie bien plus largement
dans mon lien aux autres et au monde ainsi que dans ma pensée politique. Car
Spinoza croit en la démocratie. C’est apparent dans
l’ « Ethique » et s’exprime de façon très précise dans son
« Traité théologico-politique ».
Dans l’ « Ethique »,
il explique comment la haine est aussi « un effort pour persévérer dans
son être ». Si l’on se rappelle que, selon lui, seule une force supérieure
peut vaincre une autre force, il s’agit de répondre par une sorte de haine plus
forte, qui sera non pas haine de l’homme mais haine de sa haine ; ainsi
sera-t-il possible de l’aider à modifier son idée/cause : « Toutes les affections de Haine sont
mauvaises ; qui donc vit sous la conduite de la Raison, s’efforcera autant
que possible de ne pas être dominé par
des affections de Haine et conséquemment fera
effort pour qu’un autre homme aussi ne soit pas affecté de ces passions.[…]
Qui donc vit sous la conduite de la
Raison s’efforcera de compenser la Haine par l’Amour, c'est-à-dire la
Générosité » (Eth.IV 46 Démonstration). Le terme compenser évoque comme une
idée de contrepoids, d’échange dans une
transaction. Cette générosité compensatrice, il l’a définie dans la troisième
partie : « Par Générosité,
j’entends un désir par lequel un individu s’efforce de conserver en vertu du
seul commandement de la raison à assister les autres hommes et à établir entre
eux et lui un lien d’amitié » (III 59 scolie). Il faut rappeler ici
que la « raison » selon Spinoza ne se fonde pas sur une considération
des choses comme des entités, mais comme une évaluation de leurs rapports, c'est-à-dire une observation,
dans la mesure de nos limites, de la façon dont elles se composent ou non,
au-dehors et en nous pour fonder et
orienter notre puissance d’agir.
Spinoza le démocrate
Un choix de la démocratie comme
méthode de gouvernement se déduit de ce qui précède quand la raison et la transaction sont opposées à la
violence qui nourrit les rapports de force, les oppressions, les guerres.
Je ne résiste pas, pour preuve, à
rappeler une nouvelle fois (cf. entre autres sur ce blog « Quand Spinoza
nous tend un miroir à travers ‘’La société des affects de Frédéric
Lordon’’ ») un passage extrait du « Traité
théologico-politique » écrit en opposition à la pensée de
Hobbes :
Dans cette œuvre, Spinoza analyse
l’articulation du droit naturel et de l’Etat. Hobbes, le premier a défini la notion de « droit
naturel », une puissance que chacun
a le droit d’exercer jusqu’au meurtre. Et, de ce fait, l’homme étant selon lui
« un loup pour l’homme », un Etat fort devra se constituer pour
dompter la puissance naturelle des hommes. Cet Etat, représenté par le
Léviathan, maîtrisera le « droit naturel » de ses sujets en faisant
régner la peur.
Spinoza, privilégiant aux autres
exercices de la souveraineté, celui de la démocratie affirme, en opposition à Hobbes,
que le pouvoir politique pourra accueillir le droit naturel des êtres humains
et les « affecter » de manière à susciter en eux les passions
joyeuses plutôt que les passions tristes. Alors, le peuple se fera l’allié de
l’Etat, jusqu’à devenir l’Etat : chacun comprenant en effet
l’impossibilité d’exister individuellement en dehors de féroces luttes de
domination, délèguera à l’Etat, son « effort existentiel » (conatus).
Les concepts élaborés dans
l’ « Ethique » se
retrouvent donc ici, interprétées politiquement : force existentielle,
affects de joie, affects de tristesse. Il s’en dégage corollairement qu’une puissance d’agir de l’Etat impliquant
celle de chacun, instituerait une démocratie réelle où « nous »
serions l’Etat. C’est la vision d’un homme pour qui la joie est fondatrice. Le
« droit naturel » serait
structuré par les lois en lesquelles il se prolongerait, « droit
naturel » auquel, et Spinoza y insiste en diverses occurrences, il n’y
aurait pas lieu de renoncer.
Relisons cet extrait Du chap. XX
du « Traité théologico-politique :« Des
fondements de l’Etat tels que nous les avons expliqués ci-dessus, il résulte
avec la dernière évidence que sa fin dernière n'est pas la domination ; ce
n'est pas pour tenir l'homme par la crainte et faire qu'il appartienne à un
autre que l’Etat est institué ; au contraire c'est pour libérer l'individu de
la crainte, pour qu'il vive autant que possible en sécurité, c'est-à-dire conserve, aussi bien qu'il se pourra, sans
dommage pour autrui, son droit naturel d'exister et d'agir. Non, je le
répète, la fin de l’Etat n'est pas de
faire passer les hommes de la condition d'êtres raisonnables à celles de bêtes
brutes ou d'automates, mais au contraire, il est institué pour que leur âme et
leur corps s'acquittent en sûreté de toutes leurs fonctions, pour qu'eux-mêmes
usent d'une Raison libre, pour qu'ils ne luttent point de haine, de colère ou
de ruse, pour qu'ils se supportent sans malveillance les uns les autres. La fin
de l’Etat est donc en réalité la liberté. »
Contradicteur de la pensée de
Hobbes, défenseur de la démocratie et de la liberté, liberté dont il démontrera
pourtant la part d’illusion, Spinoza est également un partisan déclaré de
l’ordre politique; promoteur d’une recherche personnelle de
« joie », il lie néanmoins indissociablement cette joie à un souci
politique, mais aussi à une recherche éthique.
Utopie
dira-t-on
Utopie sans doute, mais vers
laquelle je m’oriente délibérément et résolument, m’appuyant sur la pensée de
Spinoza et privilégiant donc aux images de violence et de servitude saturant
notre actualité, celles qui célèbrent la joie et la liberté dans un espoir pour
l’avenir de cette humanité dont je fais partie.
Les trois lignes du scolie
auxquelles je pensais me limiter m’ont conduite à une sorte de traversée
renouvelée de la pensée de Spinoza. Il en va ainsi quand on lit
l’ « Ethique ». La structure en tiroirs entraîne bien vite en
allers et retours, comme le font parfois
les hyperliens. Peut-être relirai-je une quatrième fois cet ouvrage et en
sortirai une nouvelle fois enrichie. Si je devais résumer d’un mot, je dirais
que la lecture de l’ « Ethique », l’acquiescement à ses fondements, ouvrant des
perspectives innovantes, toujours
multiples, aide à se « rassembler » en ses émotions et choix de vie accordés à une puissance d’agir de
façon à « ne pas se moquer, ne pas
déplorer, ne pas détester mais comprendre. » (Traité politique)
NC