Avec lenteur, aimantée par les
fleurs en épis d’étoiles, je me suis inclinée, profondément, vers la tubéreuse.
Me penchant plus encore, j’ai frôlé de mes lèvres, un peu, à peine, tout
doucement, la soie du pétale proche.
L’espace d’un instant, douceur de
cet effleurement, j’ai senti affleurer en moi, afflux puissant, toute la vie du
monde ; ce contact où se déclinaient caresse, transparente blancheur et
parfum ténébreux ont dilaté de
jubilation ma poitrine et mon esprit.
Après, quand je me suis redressée,
le charme, avec le vent traversant, s’est envolé ; mais il me restait,
lointaine et cependant tapie au plus profond, l’évidence de ce souffle échangé,
l’indice d’une existence irréfutable,
dans la complexité du mot dont la
composition, en sa musique, fait signe d’un être
là et aussi au- dehors.

Et au plus intime, persévère à ne
pas s’enliser, l’assurance advenue de cette rencontre subtilement charnelle
avec la fleur : un jour ou l’autre, fugitivement, à un détour, cette
certitude se refera expérience, inspirance .
La tubéreuse souffle mêlé m’ouvre
l’ allant devant du chemin.
nc